Quelle protection sociale en Argentine ?

La Sécurité Sociale des travailleurs

Si vous exercez une activité déclarée en Argentine, vous allez bénéficier du système de santé argentin réservé aux salariés et travailleurs indépendants.

La cotisation au système de santé est obligatoire. Le montant de la cotisation varie selon que vous exercez une activité indépendante ou que vous êtes gérant d’entreprise. Mais c’est tout ce qui change.

Que vous cotisiez en indépendant (“ Monotributo ”) ou comme gérant salarié, les cotisations sociales que vous payez en Argentine vous donnent accès au système de santé de votre branche d’activité. (La protection sociale en Argentine inclut une composante retraite, mais je me limite dans cet article au système de santé).

Ce système est géré par le syndicat de chaque branche. L’affiliation au système de santé est obligatoire, même quand vous n’adhérez pas au syndicat.

Le système de soins étant géré par le syndicat, la qualité des soins dépend pour une bonne part de la richesse de celui-ci, de sa capacité de celui-ci à s’assurer des fonds publics... et parfois simplement de son pouvoir.

Une illustration ? Le syndicat des transports a des hôpitaux luxueux : il a le pouvoir d’immobiliser le pays, et ne recule pas devant un peu de chantage. (Ce n’est pas une affirmation très polémique : son chef n’a pas hésité à menacer le gouvernement d’une grève générale des transports, si celui-ci répondait à la demande d’informations des autorités fiscales suisses à son sujet !).

Le syndicat des employées de maison, plus récemment créé, ne dispose pas forcément des mêmes équipements. La protection sociale en Argentine n'est pas la même pour tous, il faut le reconnaître, et ses prestations varient entre différents secteurs d'activité.

Dès que vous déclarez votre activité et commencez à cotiser, vous avez donc accès au système de santé (la “Obra social”) de votre branche.

Celui-ci a ses propres hôpitaux, ses propres médecins (un même médecin peut être affilié à plusieurs d’entre elles) et vous offrira des réductions sur les médicaments sur ordonnance, si vous les achetez dans les pharmacies qui lui sont affiliées. Ces réductions vont jusqu’à 20%-30% dans certaines pharmacies.

La “Prepaga” : l’assurance médicale à l’américaine

L’époque de Menem a laissé des traces de sa fascination pour le capitalisme et les Etats-Unis... d’où un système de santé complètement privé, calqué trait pour trait sur le système américain.

Il ne s’agit pas de mutuelles complémentaires, mais d’une assurance privée qui remplace complètement la “obra social” de votre secteur.

Les Argentins ne jurent que par elles : la “prepaga” (en français : “pré-payée”) est un des tout premiers signes de réussite sociale, en même temps que l’école privée pour les enfants. C’est un signe d’appartenance à la partie aisée de la classe moyenne, et ceux qui en bénéficient y sont extrêmement attachés. Non pas sentimentalement, car on voit plutôt les gens s’en plaindre... mais plutôt pour ce qu’elles représentent : l’accès à un système de soins “d’élite”.

C’est un système coûteux, et l’augmentation rapide des cotisations est un des grands soucis de ceux qui y ont accès. La cotisation mensuelle est en partie déductible du revenu imposable. Les soins ayant été pré-payés, une visite chez le médecin est gratuite, ou plutôt, sans frais supplémentaires.

Ces assurances santé sont des entreprises privées, sans aucun lien avec l’administration argentine. Elles vous accepteront - ou non - en fonction de votre âge et de votre état de santé ; votre situation professionnelle ne les intéresse pas.

Nous ne recommandons pas de travailler au noir car c’est très dangereux , mais il est clair que ces assurances permettent d’obtenir une protection médicale haut-de-gamme lorsqu’on n’a aucune activité déclarée.

Leurs services sont en principe de premier ordre. Il n’est pas rare qu’elles possèdent des équipements que la “obra social” ne peut s’offrir, permettant un diagnostic plus rapide ou un traitement plus efficace.

En pratique, on écoute souvent des plaintes sur de longues attentes et une qualité d’attention décevante : un client qui paie un service cher est forcément plus exigeant sur ce qu’il peut en attendre.

Pour les Français : la Caisse des Français de l’Etranger

Cet organisme semi-public (il fait partie de la Sécurité Sociale mais fonctionne sur fonds propres) est une assurance optionnelle. Elle permet aux Français vivant à l’étranger, moyennant une cotisation, de bénéficier des mêmes prestations que celles de la Sécurité Sociale française.

Les dépenses de santé en Argentine sont donc remboursées dans les mêmes conditions que si l’on allait voir un médecin en France. Le montant remboursé est plafonné au montant qui serait remboursé en France

Pour les assurés résidant en Amérique latine, il n’y a pas de tiers-payant : l’assuré fait l’avance des frais médicaux, et en demande le remboursement ensuite grâce aux feuilles de soins qui lui sont remises.

C’est une grosse différence avec la “prepaga”, où les soins sont payés d’avance par la cotisation mensuelle.

Il n’est pas nécessaire d’avoir une activité professionnelle pour y adhérer.

Toutes ces options doivent vous permettre d’être couverts en Argentine aussi bien que dans votre pays d’origine, que vous ayiez une activité professionnelle ou non. L’accès au système de soin est l’essentiel du problème, car les médecins et chirurgiens argentins sont tout aussi compétents qu’en Europe.

Mais les Argentins sont très, très critiques envers tout ce qui est Argentin.